Alina Simone, une amazone à l’âme slave exilée aux Etats-Unis.
Alina a du caractère, il en faut pour empoigner de tels textes et assurer le combat avec de telles musiques, avec, avant toute chose, comme seule arme, cette voix, véritablement contondante, aiguisée comme un rasoir qui lacère l’air et les mots de titres certes secs comme des triques, mais portés par un souffle quasi épique ("Pacifica"), du moins animés par la vie qui frappe aux tempes de leur interprète (le magnifique "Black Water").
Peut-être que la surprise n’est pas le premier des arguments qui vient à l’esprit à l’écoute de ce "Placelessness" - les excités du name-dropping voudraient que l’on cite en
comparaison Cat Power, Shannon Wright, PJ harvey ou d’autres délurées écorchées vives, étiquettes de rigueur quand une femme empoigne sa gratte et ses nerfs à bras le corps - mais, à vrai dire, la puissance et la sincérité qui en émanent, n’en auront pas spécifiquement besoin pour vous éclater à la gueule ("Saw Edged Grass" ).
Tendue ("Riot Act"), à peine contenue (le suave "Swing"), la rage de la donzelle vous tordra les tripes, et si les frissons qui vous parcourront la colonne ne vous terrassent pas (résistez donc à "Refugees" pour voir), c’est que vous êtes enfin prêts à embarquer.
Là où elle ira, vous irez. Et ensemble on reviendra, c’est promis. voxpop
C’est tout de même dingue. Alors que je pourrais finir un jour par me contenter de posséder les albums de Shannon Wright, Scout Niblett, Kristin Hersh, Helluvah, Katel, My Brightest Diamond, décidément non ça ne me suffit pas : jouir, toujours un peu plus des charmes et des propos offerts par quelques artistes féminines, voilà une des raisons qui me poussent inlassablement dans les pièges tendus par ces dames.
La nouvelle prétendante avec qui j’ai déjà passé quelques nuits s’appelle Alina Simone. Née en Ukraine et atterrie aux States quelques années plus tard, la voilà prête à faire décoller sa carrière. J’en suis ravi et je suspends mes lèvres à son album. Car en musique c’est évident la polygamie est de mise ; qui n’a jamais juré plusieurs fois par an fidélité à tel album ou telle artiste ? Aujourd’hui avec Placelessness et cette charmante brune, ai-je d’autres choix que de sortir le grand jeu ? La séduire, vous convaincre, ne pas résister à ses charmes, imaginer quelques ébats amoureux qui se dérouleraient avec cet album en bande son, oui c’est ça on ne fait pas assez l’amour en musique.
Le préliminaire, c’est Velvet Painting qui en 2 minutes nous laisse juste le temps d’enlever quelques fringues superflues. De son côté et simplement habillée du couple basse/batterie, elle prend le temps de distiller quelques notes issues de sa guitare électro-acoustique. Alina Simone pose les bases somme toute classiques d’une aventure amoureuse, mais c’était sans compter sur cette petite botte secrète où elle emmène sa voix l’espace d’un instant un peu plus haut. J’ai
souvenir que Shara Worden m’avait déjà fait le coup mais pas avec cette discrète timidité.
Vous l’aurez donc compris notamment avec les références citées plus haut, Alina Simone joue de ses ambiances folk rock. Quelques caresses (Swing, Nightswimmging) où la voix presque seule suffit à nous émoustiller, des mots échangés (Refugees, Lonesome) où le ton est un peu plus vindicatif, quelques trucs osés même avec Riot Act et une mêlée déjà sublime (Saw Edged Grass) ; il n’y a vraiment rien à jeter sur cet album, elle fait mouche à chaque fois.
J’irai même jusqu’à qualifier quelques instants forts comme ce Black Water où elle se décide à sortir quelques accessoires, on pense à Scout Niblett sortant son Bonnie Prince Billy d’ami en habit de fantôme (à moins que ce ne soit l’inverse). Le rythme lent, appuyé et sexué qui avait fait fureur sur le Pod des Breeders est bien au rendez-vous. Elle finit par crier, nous avec. Une deuxième et attendue chevauchée, Pacifica, est également de la partie. Le rock se dévoile un peu plus avec un son ample et des motifs commandés à la voix. Elle fait ça bien, je vous le jure.
J’en vois certains qui se disent, une de plus. Non, non, ne me croyez pas si volage que ça. Alina Simone est une artiste d’exception et capable de bouleverser les coeurs. Le charme naturel de ses compositions est une évidence et je ne doute pas qu’elle saura confirmer tout le bien que je pense d’elle très prochainement. Un album Everyone is Crying Out to Me, Beware, constitué de reprises de la chanteuse punk-folk et poète russe Yanka Dyagileva est déjà prévu. Alina Simone, l’amour du risque ?
Bien qu’elle soit originaire de Brooklyn, on a du mal à imaginer Alina Simone étouffer dans un environnement ultra urbain au milieu de zones industrielles et de blocs d’immeubles taillés au carré.
Au contraire, on l’imagine exilée aux portes du désert, distillant ses mélodies de sa voix d’écorchée vive et sa guitare sèche comme les herbes sous le soleil de plomb.
La folk, un rien country, de Alina Simone est en effet de cette trempe là, aussi sincère qu’arride, aussi directe que minimaliste. Cette fille tient autant de Cat Power l’urbaine américaine que de PJ Harvey la campagnarde anglaise.
Impossible, en effet, de ne pas comparer tant le registre est proche et c’est peut-être le plus gros repproche que l’on pourrait faire à Alina Simone que d’arriver une poignée d’années "trop tard" pour nous surprendre et nous charmer dès les premières mesures de ce Placelessness.
Pourtant, même avec son air de déjà vu, cet album séduit par sa sincérité
en partie due à un dépouillement sonore extrême, rendant l’ecoute parfois si "intime" que l’on pourrait en être dérangé, relégué au rang de voyeur plus que d’auditeur, comme sur "Lonesome", complainte a capella superbe dont la montée vocale finale rappelle d’autres bons moments passés en compagnie de Brenda Khan.
Et pour en finir avec les comparaisons et avec la voix, certes, éraillée mais aux impressionnantes capacités, parlons aussi de Sinead O Connor évoquée l’espace de l’intro de "Riot act".
Et lorsque le ton monte et que les guitares s’électrifient, la tension est palpable et n’a rien à envier à un dry comme sur le dernier titre "Country of two" qui ouvre des portes vers un rock plus soutenu, bien que toujours basé sur la retenue et la tension.
Quoi qu’il en soit, ce Placelessness est un bel album, et s’il n’est pas surprenant, il n’en est pas moins touchant grâce à la superbe voix torturée et inventive de Alina Simone belle et sincère.
arides et une voix puissante. Alors, certes, PJ Harvey nous avait déjà montré le chemin de cette rage dépouillée et féminine , certes Cat Power n’est pas loin non plus, mais nous ne pourrons nier que la nouvelle venue réussit un exercice fort périlleux dans lequel plus d’une prétendantes s’est brûlées les ailes. Elle, s’en sort sans faux pas, avec des morceaux touchants, et une tension palpable… Espérons juste qu’elle saura dépasser ses influences pour son prochain album. Album qui ne devrait d’ailleurs pas tarder à sortir aux Etats-Unis.
mg. Positive Rage
Alina Simone est née en Ukraine, en terres glacées mais a grandi en terres ensoleillées dans une des banlieues du Massachusetts. La rue fut son premier terrain de jeux avant d’arpenter ses premières scènes puis son premier projet au sein de The Artificial Sea (déjà sorti sur le label Travelling Music) en compagnie de Kevin C. Smith. Elle nous revient, cette année, en solitaire avec un album brut, Placessness, croisement entre folk agitée et rock tempéré.
Dès les premiers morceaux, l’auditeur distrait y décèlera le fantôme vocal de la grande Pj Harvey et les ambiances terriennes d’une Cat Power. Pourtant l’auditeur attentif, au fil des écoutes, y découvrira un univers à part, propre à Alina, perdu entre les terres arides de ses origines et le rock urbain de sa jeunesse. Pacifica est,
à ce titre, révélateur d’une voix perchée à la limite de la rupture et d’un arrangement électrique brut et sans fioriture. A l’opposé Swing joue sur une voix calme et éclairée ou seul l’étouffement d’une guitare, d’un piano désaccordé et d’un violon drape majestueusement sa voix. Le reste de l’album suit ce road movie d’une vie en dents de scie toujours partagé entre fureur électrique (Riot Act), rock song entraînante (Saw Edged Grass) et douce mélodie folk (Nightswimming).
Plus à l’aise derrière sa guitare électrique que dernière l’univers electro trop glacé de The Artificial Sea, Alina Simone, signe un premier album sans prétention reflet d’une personnalité artistique sincère et touchante dont il serait fort dommage de passer à côté.
force
On avait laissé alina simone prenant un bain de minuit sur son ep Prettier in the dark début 2005 et la voici qui nous revient plus que jamais baignant dans son élément avec un album complet cette fois (deux même si on compte son groupe Artificial Sea), Placelessness et ce sublime morceau "Night swimming" à la lenteur déchirante, au chant aveuglant et à la musique submergeante (qualificatifs interchangeables bien entendu). C’est donc sous d’excellents auspices nautiques qu’on se laisse une fois de plus posséder par une magistrale démonstration de force.
eau
On aurait tort vous l’aurez compris de réduire ce très bel album à une seule chanson, fût-elle magnifique. D’autant que d’eau il en est souvent question et de la plus belle des façons, tous ces "Black water", ces "Pacifica" (aux arpèges savoureux), ce "Night swimming" donc. Autant de tempêtes assaillant nos côtes qui n’en réclament pas moins. Or chez alina simone, les tempêtes sont souvent d’autant plus impressionnantes que le morceau est lent et tendu ("Refugees"). Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas entendu quelqu’un habiter ses compositions de la sorte. Et l’émotion, que dire de l’émotion ("Swing"). La voici qui perle doucement aux abords et nous tue sur la fin. Bien sur tout ceci découle aussi d’une formule minimaliste parfaitement exploitée. Souvent juste chant-guitare électrique, parfois une batterie, les morceaux sans n’étant pas comme on pourrait le penser les moins rentre dedans ("Riot act"). Plus rarement des cordes ("Black water", "Night swimming",
"Swing"), un banjo ("Night swimming"), une touche de mélodica ("Lonesome"), un berimbau même ("Black water"), que du sur mesure, du calibré. Tout comme les deuxièmes voix ("Saw edged grass") c’est où il faut quand il faut jusqu’à cet incroyable "Riot act" et ses cris-rires spectaculaires, ses haletements tétanisants. Seul le début de "Lonesome" a cappella nous laisse un peu sceptiques même si elle se rattrape bien en émotion sur le reste du morceau. l eurres
C’est un peu désordonné dit comme ça mais voila, il n’y a pas grand-chose à jeter et beaucoup de moments intenses que ce soit sur le début de l’album en puissance avec le court mais envoûtant "Velvet painting", son enchaînement sur l’énorme et pesant "Black water" ou encore le remuant et réjouissant "Pacifica". Puis sur le faux plat à pleurer du milieu d’album avec le trio "Refugees", "Swing" et "Night swimming". Sans oublier le sommet déjà évoqué de "Riot act". Même les morceaux moins emblématiques (au sens un peu moins chargés en émotion) comme "Saw edged grass" et "Country of two" conservent une forte intensité et feraient/ont d’excellents singles. "Saw edged grass" notamment possède toutes les qualités requises pour une ouverture un peu plus grand public de la musique d’alina simone. C’est d’ailleurs tout ce qu’on lui souhaite, de rencontrer un large public, tant qu’elle continue à nous livrer des albums d’une telle qualité, et bien qu’elle ne sache pas trop où se poser, on sera toujours là transis d’ad(o/mi)ration à la recevoir sur nos platines et dans nos l(u)eurres.
Alina Simone est née en Ukraine, mais c’est dans le Massachussetts, aux Etats-Unis, qu’elle a grandi. C’est d’ailleurs surtout à la musique Folk américaine que l’on pense à l’écoute de ‘Placelessness’, son premier album solo après un projet en groupe au sein de The Artificial Sea. Un disque de caractère sur lequel on découvre une artiste particulièrement expressive, au timbre envoûtant.
Parfaitement servie par une guitare électrique qui n’en fait jamais trop, laissant la place à l’interprétation d’Alina Simone, on pense très vite – dès ‘Velvet Painting’ qui ouvre le disque - à quelques pointures du genre, notamment Cat Power pour le côté Folk, mais aussi PJ Harvey pour son aspect plus torturé. La voix d’Alina Simone se détache cependant de ces comparaisons sur l’excellent ‘Saw Edged Grass’ où ses sommets dans les aigus évoquent plus la diva Pop irlandaise Sinead O’Connor.
Produit par Steve
Revitte (The Double, Black Dice, Liars), ‘Placelessness’ évoque probablement par sa pochette l’Amérique profonde, sombre et industrielle. Il évoque peut-être surtout le sentiment de déracinement de son auteur, entre deux continents, deux cultures. Celui de n’appartenir à aucun lieu, et de l’exprimer avec une rage souvent contenue qui explose soudainement sur certains titres tels que ‘Riot Act’. L’artiste n’hésite d’ailleurs pas à interpréter en concert quelques titres dans sa langue natale. Enfin, la présence du violon sur plusieurs morceaux (‘Blackwater’, ‘Country of Two’), ou d’un orgue mélancolique sur la fin de ‘Lonesome’ viennent apporter la juste dose de diversité et d’arrangements à ce disque brut et relativement direct.
Une chose est sûre, les écoutes répétées de ‘Pacelessness’, et surtout la superbe voix d’Alina Simone ne devraient pas vous laisser indemnes. Une très belle découverte.